vendredi 20 juin 2014

De la piété

Deuxième serviteur du bonheur, peut-être aussi surprenant que la crainte, j'ai nommé... la piété!
(Et oui, c'était facile, c'était écrit dans le titre...)
Piété? Bonheur?
Comme certains ne voient dans la crainte qu'un paralysateur de bonheur, certains voient dans la piété qu'un opium faisant rêver à des paradis artificiels et inaccessibles...
Et pourtant!
La piété est en lien direct avec les religions. Et avec les sectes et les pseudos religions aussi d'ailleurs. Et d'autres groupes aussi.
La piété, c'est le lien qu'on entretient avec une divinité. Ou une idole. Ou une idée. On parle même de piété filiale au sein de la famille d'ailleurs.
Créer un lien avec quelque chose, c'est partager quelque chose. Et plus ce lien se renforce, plus les caractéristiques communes s'approfondissent.
Un enfant qui joue au foot parce qu'il admire une star manifeste une certaine forme de piété à son égard, et va chercher à devenir comme elle. C'est d'ailleurs pour ça qu'en matière éducative, il faut prendre soin des modèles que l'on choisit ou que l'on donne: leurs vertus et leurs vices vont devenir un modèle à suivre et façonner la personnalité des personnes. Dans l'autre sens, il faut faire attention au modèle que l'on est: nos vertus et nos vices sont un modèle qui sera suivi et façonnera les autres.
Je me souviens d'un prof de management (ou une matière un peu comme ça) qui demandait qui on admirait en matière de management (ou de communication). De fait, cette admiration était recherchée pour obtenir l'effet mimétique conduisant à devenir comme l'autre.
Ce qui va particulièrement nous intéresser ici, c'est la piété à l'égard des personnes heureuses, voire du bonheur lui-même.
Mourir le sourire aux lèvres, n'est-ce pas un passage vers l'après absolument fascinant? Puisqu'on meurt comme on a vécu, ces personnes et leur vie devraient être des modèles prioritaires à suivre. D'ailleurs, même les personnes qu'on rencontre et qui rayonnent de bonheur sont de bons modèles, inutile d'attendre le dernier jour! Au contraire! La piété génère de la proximité avec l'autre. Donc c'est bien mieux si la proximité se fait avec quelqu'un de vivant et avec qui on peut échanger!
En devenant comme l'autre, on vit aussi au rythme de l'autre: union dans la joie, la peine, les épreuves...
C'est pourquoi il faut faire très attention aux détournements possibles de la piété. Alors que la piété authentique va nous conduire à vivre de ce lien qui se construit, une piété détournée peut conduire dans les pièges du rigorisme et du laisser-faire, tout comme il peut être orienté vers la production d'un lien qui tue et aliène. Ainsi de la piété orientée vers des idoles comme l'argent ou une star déifiée: il y a alors mimétisme qui rend esclave, inquiet, irascible, extrême dans ses réactions et coupé du monde pour être tourné entièrement vers l'idole.
La piété repose très profondément dans la relation.
Plus la relation est faite avec quelque chose ou quelqu'un de bon, meilleure est celle-ci.
Plus la relation est intense et profonde, vivante, meilleure elle est également.
Les plus hauts degrés de piété sont donc ceux qui nous mettent en relation avec les personnes pleinement heureuses ou les plus à même de nous mener au bonheur.
La piété est donc école de bonheur. Sous un mode particulier, qu'il convient de creuser.
Un vaillant serviteur qui nous unit aux autres, et nous fait entrer dans le bonheur.


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