samedi 15 mars 2014

Entre dialogue et formation

Il me semble qu'il existe une différence de situation entre un dialogue, et une formation.
Du reste, s'il y a deux mots distincts, c'est pour décrire deux situations distinctes:
La première, le dialogue, concerne deux personnes qui vont cheminer ensemble vers la vérité, apportant chacun des éléments propres à son passé et à sa culture. Il implique des échanges dans les deux sens avec les deux interlocuteurs sur un même pied d'égalité, chacun apportant sa pierre à l'édifice. C'est essentiellement une relation horizontale, pour aller de l'avant ensemble.
La deuxième, la formation, concerne (de façon schématique) un professeur et son élève, le deuxième éclairant le premier de ce qu'il détient de la vérité, apportant de ce qu'il a à l'autre. Il implique des échanges majoritairement dans le sens professeur vers élève avec la reconnaissance de l'expertise du professeur dans le domaine concerné, celui-ci enseignant comment bâtir l'édifice. C'est davantage une relation verticale, l'un entrainant l'autre à sa suite.
Il n'y a bien sûr pas de situation vraiment profitable à refuser tout dialogue lors d'une formation, et les élèves sont amenés à établir le dialogue à travers des questions ponctuelles. De même, refuser l'expertise de l'autre sur un point particulier qui prend la forme d'un mini-cours au milieu d'une discussion, c'est un manque à gagner dommageable.
Cette réflexion me vient suite à la lecture de cet article plutôt apaisé renvoyant à cet évènement de l'actualité qui se veut tout de suite plus violent.
Les faits: le conseil "Famille et société" de la conférence des évêques de France a annulé l'intervention d'une dame dont toutes les positions ne sont pas forcément très catholiques, et qui avait été invité pour intervenir dans une journée de formation des délégués diocésains à la pastorale familiale.
Dans les deux catégories présentées au début, c'est bien dans le volet formation que celle-ci a été invitée, et non dans le volet dialogue, à nouveau l'un n'excluant pas l'autre mais le choix d'un formateur implique de la part de ceux qui le choisissent la reconnaissance de son expertise dans le domaine choisi. Dit autrement, les organisateurs doivent être suffisamment en accord avec une personne pour l'inviter à intervenir. Les conditions d'un dialogue sereins ne sont pas toutes établies lorsque a priori l'un des interlocuteurs est présenté comme formateur et que son savoir, qui n'est certes pas considéré comme absolu, est donc reconnu comme faisant autorité sur des points de clivage profonds.
Cette affaire n'a donc pas tant à voir avec la peur de l'autre qu'à une situation de statut accordé à l'autre, ce me semble. Le problème n'est pas tant de ne pas vouloir la controverse que de vouloir l'obtenir dans des conditions favorables.